Les registres paroissiaux au Québec

Il serait utile de partir de l'étude des faits et des hommes et de revivifier l'histoire dans ces observations curieuses et fécondes que présente l'étude des populations, des familles elles-mêmes, qui sont la trame essentielle des sociétés que l'on décrit. [...] Il faut utiliser largement cette source historique constituée par les registres paroissiaux et savoir en tirer toutes les données qui en proviennent

(Rameau de Saint-Père)
Église

La tenue des registres de baptêmes, mariages et sépultures au Québec est une institution qui remonte aux origines mêmes de la colonie. Cette habitude, venue de France avec les missionnaires, s'est en effet répandue dès le XVIIe siècle le long du Saint-Laurent. Là où; les hommes sont allés, les prêtres les ont suivis, ouvrant des registres dans chaque nouvelle paroisse et jalonnant ainsi le progrès du peuplement sur le territoire. À partir de 1679 environ, les registres ont été tenus en double pour répondre aux exigences de l'État et cet usage s'est maintenu, les curés conservant une copie dans les archives de la paroisse et remettant l'autre chaque année aux autorités civiles. Ce n'est qu'avec la Réforme du Code civil en 1994 que cette façon de faire fut abandonnée.

Ces registres ont avant tout une valeur juridique. En effet, les actes qu'ils contiennent constituent, aussi bien aux yeux de l'État qu'à ceux de l'Église, la preuve de l'état des personnes. Mais au-delà de cette fonction, les registres paroissiaux ont acquis avec le temps une valeur scientifique, historique et...sentimentale! Nombreux sont ceux qui peuvent l'attester. Les auteurs de monographies paroissiales y ont puisé des éléments d'histoire locale, les démographes y ont trouvé le pain quotidien qui alimente leurs analyses de la natalité, de la nuptialité, de la fécondité, de la mortalité et des mouvements migratoires et les généalogistes en tirent leurs répertoires de mariage et leurs histoires de famille.

La rédaction des actes de baptême, mariage et sépulture se fait selon des règles. Celles de l'Église universelle, fixées par le Rituale Romanum (1614), ont été adaptées au contexte colonial par Mgr de Saint-Vallier qui diffusa un Rituel en 1703. Le pouvoir civil pour sa part se manifesta en 1678, pour soumettre le clergé canadien aux normes qui prévalaient en France, lorsque le Conseil Souverain de Québec enregistra l'Ordonnance promulguée à Saint-Germain-en-Laye en 1667. Le Conseil s'adonna ensuite en 1727 à une refonte complète des règlements, avec un souci de précision qui dénote l'importance accordée à ce problème par le législateur. Certes les rédacteurs des actes ne s'acquittèrent pas tous de leur tâche administrative avec la même attention ou la même compétence, de sorte que la forme et le contenu des actes présentent une certaine variabilité; mais nul doute que la qualité générale des registres du Québec est excellente.

Les registres paroissiaux étaient au départ des cahiers aux feuillets cousus de dimensions et de volume variables. D'une année à l'autre, le format des registres pouvait changer: petits, moyens et grands cahiers peuvent se succéder apparemment sans ordre dans une même paroisse. En outre, dans les vieilles paroisses en particulier et, toutes proportions gardées, davantage au XVIIe siècle qu'au XVIIIe siècle, un certain nombre d'actes ont été relevés sur des feuilles volantes. Les curés ont parfois pris soin de transcrire les actes épars dans le registre paroissial ou de les y fixer, mais bon nombre de ces feuilles volantes ont sans doute été perdues ou détruites. La grande majorité des actes sont tout de même consignés dans des registres dont l'Église et l'État n'ont pas fait que prescrire la tenue puisqu'ils se sont chargés aussi de les garder et de les conserver. Malgré quelques vicissitudes souvent dues à la négligence, les séries ont remarquablement bien supporté le passage du temps, grâce à leur conservation en double exemplaire.

Sans un fort degré de conservation de registres de bonne qualité, la tâche du PRDH n'eût pas été possible. Il a tout de même fallu lire, et souvent défricher, des documents rédigés il y a des siècles. Quelques exemples permettent d'apprécier le travail qu'a nécessité le traitement des centaines de milliers d'actes tirés de registres paroissiaux anciens que l'on trouve sur ce site.

Page du registre de 1642Page du registre de 1660Page du registre de 1707
Extrait du registre
de Montréal en 1642
Extrait du registre
de Montréal en 1660
Extrait du registre
de St-Nicolas en 1707

Les noms des paroisses

Le nom complet d'une paroisse comprend un vocable et un lieu. Certains noms sont relativement longs, par exemple: "La-Visitation-de-la-Sainte-Vierge-Marie-de-l'Île-Dupas" ou "La-Purification-de-la-Bienheureuse-Vierge-Marie-de-Repentigny". On comprendra que pour des raisons pratiques, les différents affichages que l'on trouve sur le site utilisent plutôt un nom court pour désigner les paroisses, normalement le seul nom du lieu. La liste alphabétique de ces noms courts pour les paroisses dont les registres débutent avant 1800, mis en rapport avec les noms complets et des variantes, le cas échéant, est disponible à des fins de référence.

Statistique annuelle du nombre d'actes par paroisse et carte géographique

La base de données du PRDH repose essentiellement sur les quelque 3 180 000 actes de baptême, mariage et sépulture antérieurs à 1862 qui nous sont parvenus de 153 paroisses, missions ou institutions. Les dépouillements, effectués principalement de 1970 à 1983, correspondent à la lecture systématique des registres des archives ecclésiastiques, notoirement plus complètes que les archives civiles, à partir de microfilms réalisés par le PRDH pour ceux du XVIIe siècle, puis de ceux produits par L'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours (Mormons) au milieu des années 1970. Néanmoins, quand la série des presbytères faisait défaut ou comportait des lacunes, on a cherché à tirer parti des archives civiles pour pallier l'information manquante, sans toutefois aller jusqu'à une vérification acte par acte des deux séries; plus de 16 000 actes ont ainsi été ajoutés à ceux des paroisses. Enfin, il est apparu que Cyprien Tanguay a eu accès au siècle dernier, au moment de préparer son célèbre Dictionnaire généalogique des familles canadiennes depuis la fondation de la colonie jusqu'à nos jours (Montréal, E. Sénécal, 1871-1890), à des actes aujourd'hui disparus, notamment pour ce qui touche les paroisses de Sorel, de Saint-Augustin et de Petite-Rivière-Saint-François; la recherche de ceux-ci dans son dictionnaire a permis d'ajouter 815 actes.

Nous avons préparé ici une statistique du nombre annuel d'actes par paroisse selon le type de l'actes;  une carte géographique  permet de situer les paroisses.